18 voix d’écart. Soit 0,013 % des suffrages exprimés.
C’est, à l’heure où je vous parle, ce qui sépare les deux candidates en lice pour le poste de Première Secrétaire du PS. Pour ceux que ça intéresse, j’ai récupéré le tableau PDF diffusé sur le site du Parti Socialiste et je l’ai transformé au format Excel, en repositionnant les formules et en corrigeant le résultat de la fédération de la Moselle qui a annoncé une erreur de 12 voix comptabilisées à tort en faveur de Martine Aubry, ce qui réduit donc encore un peu plus l’écart de 42 voix, déjà ridicule, annoncé ce matin.
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Le camp de Ségolène Royal crie au scandale, au trucage, réclame des nouvelles élections.
Pour eux, c’est effectivement la douche froide, tant ils étaient convaincus de la dynamique de victoire. Je discutais, au moment du vote, avec un camarade de ma section, je lui disais que ça serait sans doute serré (je ne m’attendais pas à un score si incertain). J’espérais la victoire de Martine Aubry mais n’avais aucune certitude. Lui était certain que Ségolène Royal arriverait largement en tête. Il est vrai qu’à chaque fois, le report des voix ne se faisait pas en suivant l’arithmétique des résultats. Le soutien raté de Bertrand Delanoë, au lendemain du congrès et non le jour-même, en son nom et pas au nom de sa motion, tout ça n’aura pas convaincu une large partie des électeurs de la motion A. J’attribue le report important des voix de la motion A vers la Ségolène Royal à ces trois facteurs :
- Martine Aubry n’incarne pas le renouvellement aux yeux du plus grand nombre (et compte tenu du nombre d’éléphants PS qui la soutienne, c’est compréhensible – même si, j’en suis convaincu, elle l’incarnera, de gré ou de force !)
- Martine Aubry s’est positionné sur une ligne politique plus « à gauche » que celle de la motion E. Ceci au moins pour pouvoir se rallier Benoît Hamon à qui, de toute façon, tout le monde fait de l’œil au PS !
- Dans la motion de Martine Aubry, depuis sa contribution, il y a Laurent Fabius (très discret pendant toute cette campagne, d’ailleurs !), que beaucoup de militants ne peuvent pas blairer depuis sa prise de position sur le référendum européen qui a déchiré le parti. Personnellement, j’ai toujours pensé que cette position de Fabius était une position tactique et je lui en veux pour ça. Pour autant, je l’admire aussi pour son intelligence et ses talents réthoriques. Je me souviens de cette belle phrase qu’il avait sorti pendant la campagne de la présidentielle 2007 : « Le service public, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. » Classe, Laurent, classe !
(Notons que ce troisième point est connexe du second.)
Je me doutais aussi que le report des voix de Benoît Hamon vers Aubry serait loin d’être mathématique. Deux raisons, au moins :
- Toujours ce déficit d’image d’Aubry en matière de renouvellement.
- Martine Aubry n’est sans doute pas jugée assez à gauche par la frange mélenchoniste (je dis ça pour simplifier) du parti qui ne sera pas allé voter au second tour.
J’ai entendu Manuel Valls, sur une vidéo postée par mon camarade Alexis Bachelay, parler d’obstruction contre cette pauvre Ségolène Royal. C’est quand même assez fandard d’entendre ça, quand on voit le matraquage pro-Ségolène auquel on a droit un peu partout notamment dans les médias (elle était encore ce soir au 20 heures sur TF1). J’ai fait l’exercice de regarder les couvertures du journal Libération (un journal de gauche, en principe, donc probablement beaucoup lu par les socialistes). Ségolène Royal figure trois fois en pleine page et quatre fois en vignette. Martine Aubry, euh… attendez je la cherche, euh… ah ben non. Zéro fois.
Il paraît que Ségolène Royal est l’ennemie préféré de Nicolas Sarkozy (et dois-je préciser que contre ce candidat qui incarnait déjà bien avant sa candidature une droite dure – il me semble que jamais on avait eu un candidat susciter autant de répulsion – elle n’a fait que 46 %), et la mainmise de Sarkozy sur les médias a été souvent dénoncée.
Bon, je n’insisterai pas sur ce point, je ne voudrais pas tenir des propos trop politiciens.
Mais pour moi, l’obstruction ne se ressent pas dans le camp qui la dénonce.
Quand j’entends le camp Royal qui réclame de nouvelles élections, je pense qu’il espère surtout pouvoir profiter de ce délai supplémentaire pour faire encore un peu plus de tapage, un peu plus de propagande, un peu plus de promesses démagogues « on va rembourser les pauvres adhérents en retard sur leurs cotisations pour qu’ils puissent voter (sous-entendu : pour moi) », « on va déménager le PS de Solférino vers un quartier plus populaire » (mon QG à Raspail financé par Hermé, je le garde ?) et j’en passe ad nauseum.
Quand j’entends le camp Royal qui crie à la triche, je me demande : est-ce vraiment ce qu’on veut ? Mettre au grand jour toutes les petites magouilles du PS ? Expliquer au grand public comment un camp noyaute et verrouille une fédération ? Est-ce bien comme ça qu’on aide à reconstruire l’image du parti déjà salement écornée ?!
Dans les 16 fédérations (cf. tableau Excel) où une des deux finalistes fait plus de 70 % (j’ai fixé arbitrairement ce seuil comme étant celui au delà duquel la liberté de conscience ne me semblait pas très démocratiquement exprimée), 9 favorisent Royal contre 7 pour Aubry. (NB : Les 3 fédérations suivantes sont aussi royalistes.) 15106 voix pour Royal et 13325 pour Aubry.
Allez ! Organisons un nouveau vote et magouillons tous encore un bon coup pour être bien sûr, cette fois, d’élire le meilleur tricheur du parti le plus ridicule de France !
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Un truc qu’il faudrait qu’on explique au bleu-bite que je suis, c’est avec quelle majorité la Première Secrétaire qui finira par être désignée officiellement (mardi, en principe) élue, attendu que le « parlement du PS » a déjà été élu le 6 novembre dernier en proportion du vote des motions (si l’on s’en tient aux « soutiens » exprimés des leaders des motions A, B, C et F, Martine Aubry qui aurait 25(A)+19(C)+24(D)+1(F) = 70 % des membres derrière elle, contre 1(B)+29(E)=30 % pour Ségolène Royal). Autrement dit, si Aubry est confirmée en tête (selon les résultats de l’élection qu’on considèrera comme démocratique au même titre que les précédentes, par pitié !), ça colle. Mais si c’est Ségolène Royal ???