Mal au nombril

Quand j’ai ouvert il y a plus de deux ans ce blog, j’avais annoncé qu’il serait fait de bric et de broc, à l’instar du site « racine » né dix ans plus tôt et lui-même joyeusement bordélique. Je n’avais pas menti. J’ignorais qu’il serait autant délaissé mais on ne maîtrise pas toujours le temps dont on dispose et entre ma vie professionnelle, ma vie familiale, ma vie militante, etc., je suis appelé à effectuer des choix cruels.

C’est pourquoi j’ai toujours trouvé amusant de me voir catégorisé dans les « blogs politiques colombiens » même s’il est effectivement souvent (enfin, proportionnellement, plutôt) question de politique ici. La plupart du temps, quand j’interviens ici pour commenter la vie politique, nationale ou municipale, c’est pour exprimer un sentiment individuel qui me tient à cœur. Et puis je m’amuse ensuite à publier une photo de ma fille ou une terrrrrrible vidéo réalisée par mes enfants et leurs amis. (Réjouissez-vous, le cru 2010, c’est pour bientôt.)

Je voulais faire un billet ici, juste après les festivités du 14 juillet à Colombes, pour dire ce que j’en avais pensé : la formule, copiée quasi à l’identique sur celle de l’année précédente, mais, ma foi, plutôt convaincante (ne pas céder à la facilité, toutefois), le feu d’artifice, très réussi, et puis aussi la simplicité avec laquelle les élus s’étaient mêlés à la population, avec ce qui m’a semblé une évidente proximité. Le maire et son équipe était à table comme d’autres citoyens, accessibles, simplement là et faisant la fête avec les autres. J’ai vu ensuite Philippe Sarre danser le rock’n roll avec Élisabeth Choquet (de mémoire : j’avais pris quelques clichés de paparazzi improvisé, mais impossible de remettre la main dessus). Oh ! Il n’est pas impossible qu’il y ait dans cette prestation un zeste de « com’ », mais bien malin qui peut faire la part des choses entre l’élu en représentation et l’homme se trémoussant aux rythmes irrésistibles de l’orchestre ! Côté communication ou communion, à droite en revanche, je n’ai aperçu qu’Olivier Camp-Vaquer sur place. Les autres ne devaient pas ce sentir concernés par cette célébration nationale et locale à la fois (je suis près à faire amende honorable et ajouter les erratums qui vont bien si j’ai – sans malice aucune – passé sous silence la présence d’autres élus ou « notables » de l’opposition).

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Depuis samedi, Philippe et moi avons un nouveau point commun. Lui et moi avons donc (et sans doute avec nous quelques dizaines ou centaines de Colombiens, certainement) perdu notre père cette année.

Dans des circonstances assez extraordinaires (au sens littéral, ce qui les rend d’autant plus tragiques), mon père Yves a en effet été victime d’un accident sur la voie publique en Corse où il entamait avec ma mère ses vacances. Un fait divers dans la PQR. Un fait nettement moins divers dans la vie d’une famille (et même, par extension, pour quelques autres impliquées de près ou de loin dans l’accident).

Je trouve assez singulier le fait qu’il soit question dans le tout premier article de ce blog de l’héritage paternel ! N’en déduisons pas hâtivement que la boucle est bouclée et que mon blog s’achèvera sur ce message…

J’étais ce dimanche sur les lieux du drame (oui, cette phrase fait un peu cliché je vous le concède) et je me suis un instant recueilli sur place. Les voitures étaient rares, le village éloigné de quelques centaines de mètres, le soleil corse cognait dru, les cigales s’en donnaient à cœur joie pour constituer la seule bande son de cet environnement paisible, l’air était chargé de toutes les odeurs de la Méditerranée.
Je veux croire qu’hormis la seconde (deux tout au plus) de frayeur durant laquelle tout s’est joué, c’est de ce splendide panorama qu’aura joui mon père aux dernières heures de sa vie, et je me suis dit que, oui, c’était tout de même un bel endroit pour mourir.

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Illustration : Callevale, 1er août 2010, 16h41

Chauffe, Marcel !

Des orages étaient annoncés pour ce samedi, mais c’est sous un ciel bienveillant et avec des températures estivales que s’est déroulée la kermesse de fin d’année à l’école Marcel Pagnol où étaient scolarisées pour la dernière année ensemble mes deux filles (Esther restera à Marcel Pagnol l’année prochaine, mais Victoria fait son entrée – tadaaaa – au collège !).

De crainte d’un arrosage céleste, le dispositif « habituel » (on prend très vite des habitudes !) était inversé : la scène était sous le chapiteau protecteur tandis que le fumeux stand saucisse-merguez était relégué au coin opposé de la cour. Eh bien c’était très pratique ainsi et pluie ou pas pluie, je pense qu’il mériterait d’être reconduit les années suivantes. Les enfants étaient tous réunis, par classe, autour de cette scène dans un « périmètre de sécurité » et les enchaînements d’un spectacle à l’autre étaient fluides. Les différents numéros étaient variés, originaux et ce spectacle m’a semblé plus rythmé que les années précédentes. Un grand bravo aux organisateurs et aux participants pour leurs efforts ! Continuer la lecture de « Chauffe, Marcel ! »

Moment civique, moment politique

Les jours d’élection ont toujours été, pour moi, des moments à part, intenses, importants. Probablement, certainement même, l’engagement de mes parents y est pour quelque chose. Je ne sais plus à quel âge j’ai commencé à accompagner ma mère ou mon père au bureau de vote, observant le protocole, la remise de l’enveloppe, les bulletins de vote, le passage dans l’isoloir et le résonnant « A voté ! » qui ponctue le cérémonial, tout cela m’excitait et j’attendais avec impatience le moment où, à mon tour, j’allais pouvoir passer dans l’isoloir pour accomplir mon « devoir civique ». Je n’ai jamais raté une élection, votant quand je le pouvais, établissant une procuration dans le cas contraire.

Ma défiance vis-à-vis du vote électronique, je la dois certes à ma qualité d’ingénieur informaticien, qui sait combien il est facile de détourner un programme (même si le logiciel des machines à voter est protégé par de nombreux dispositifs, même si le vote papier ne prémunit pas non plus de la fraude), mais je la dois aussi à mon attachement presque fétichiste à ces enveloppes remplies de bulletins. Mon premier vote s’est suivi, quelques heures plus tard, de mon premier dépouillement occupé, comme scrutateur, à ouvrir les enveloppes, déplier des bulletins, énoncer le nom du candidat ou de la liste, dessiner les petits bâtons correspondants, les décompter, les recompter, les totaliser, les pourcentiser, tandis qu’autour de nous bruissaient les estimations glanées à la radio ou à la télévision (je suis un vieux croûton : du temps de mes premiers suffrages, le téléphone portable n’existait pas encore. Désormais, on connaît parfois les résultats avant même d’avoir ouvert la première enveloppe). Après quoi, tout le monde fonçait à la mairie pour connaître les résultats de la ville entière. Continuer la lecture de « Moment civique, moment politique »

Jouons aux Dames (et pas aux échecs !)

jeu de dames
jeu de dames

Duel féminin ce soir pour la tête du Parti Socialiste.

Hier soir, couché après minuit mais sans les résultats autres que locaux, je me retournais dans mon lit. Je vois le radio-réveil indiquer 00:59 et j’allume la radio. Au journal de 01:00, la journaliste de France Inter annonce que Ségolène Royal se dirige vers la victoire avec 45 % des voix…

Ma première réaction, c’est de me dire que, décidément, les médias donnent vraiment une information partielle, partiale, déformée, simplifiée, enfin bref… Je râle, quoi. Ce matin, au journal de 08:00 (le plus écouté de France, comme l’annonçait avec fierté l’équipe – et en tant qu’auditeur, j’avoue que j’apprécie la tranche 7-10 de la station), l’annonce est plus nuancée. Si l’on prend sa calculette et si l’on additionne les voix de Martine Aubry à celles de Benoît Hamon, ce devrait être Martine Aubry qui sera élue ce soir.

Évidemment, c’est moins simple que ça, la dynamique des reports n’étant jamais parfaitement prédictible (l’exemple en est donné avec les voix de la motion A qui ne se sont pas portées sur Martine Aubry sans quoi elle serait arrivée en tête et peut-être même avec une majorité absolue), l’issue du scrutin de ce soir n’est sûrement pas pliée.

J’ai essayé de trouver le score de Ségolène Royal dans les Bouches du Rhône : mais aucune information ne se trouve sur le site du PS. C’est par voix de presse qu’on en trouve. Apparemment, 69 % sur ce scrutin contre 73 % au vote du 6 novembre. J’avoue que les mécaniques d’appareil qui permettent d’avoir ce genre de score m’échappent un peu, et comme le faisait remarquer Philippe Sarre lors d’une récente réunion, à Colombes, le pluralisme s’exprime en toute liberté, et je suis fier et heureux de cet esprit d’équipe local qu’on voudrait retrouver aux niveaux fédéral et national. Ne soyons toutefois pas naïf, dès lors qu’il y a des enjeux de pouvoir – eh oui ! la politique, c’est ça ! – des rivalités surgissent, des ambitions s’affrontent, des tensions s’exacerbent. Ensuite, à chacun en son âme et conscience de choisir comment mener ces combats. À Colombes, au PS, chacun est loyal (on ne peut pas en dire autant de l’UMP). Je ne crois pas qu’au PS, nous soyons irréprochables plus qu’ailleurs, néanmoins, un certain nombre de règles (dont l’interdiction du vote par procuration) limite les errements.

J’en profite pour dire que le PS est souvent moqué dans les médias ou par ses opposants à l’occasion de ces élections (on avait eu droit au même son de cloche à l’époque de la désignation de notre candidat pour les élections présidentielles de 2007). N’empêche que ce que prouve ce coup de projecteur sur nos fonctionnements mais qui n’est pas assez dit, c’est la vraie démocratie interne qui règne au Parti Socialiste. L’UMP, sur ce sujet, pourrait en prendre de la graine.

J’espère que le choix des militants, ce soir, sera celui qui favorisera, selon moi, bien plus sûrement l’unité du PS. Nous avons devant nous la proche bataille des Européennes, et pour 2012 l’enjeu fort de mettre un terme à cette politique de casse des services publics (justice, prud’hommes, école, …) et d’injustice (sociale, fiscale, …). Les dégâts déjà causés seront, hélas, des dégâts assez durables.

Toute première fois !

L\'invitation pour la célébration de notre PACS à la mairie de Colombes

Eh voilà ! Après 15 ans de vie dans le péché… on continue à vivre dans le péché !

C’est avec une certaine fierté que Marie et moi seront, dans quelques minutes, les premiers pacsés en mairie à Colombes devant Philippe Sarre ; il faut dire que la procédure administrative au Tribunal d’Instance est aussi joyeuse qu’une déclaration de vol au commissariat et qu’il est bon de mettre un peu de rituel dans nos vies. Avec toute la modestie qui me caractérise, j’avoue que c’est moi qui ai suggéré à l’équipe municipale de procéder à ce genre de célébration, à la fois de manière intéressée (charité bien ordonnée commence par soi-même), mais également parce que le PACS est une des belles création d’un gouvernement de gauche et il y a un petit côté militant laïque à transformer l’hôtel de ville en autel civil.

En cherchant sur le web quelques informations sur les formalités qui pourraient être nécessaires pour cette cérémonie en mairie, je suis tombé sur une polémique intéressante qui a animé le conseil municipal du quinzième arrondissement parisien (tenu par la droite) pour savoir si, oui ou non, il fallait célébrer des pacs en mairie, quand les arrondissements tenus par la gauche avaient déjà mis en place cette pratique. Où l’on voit qu’il n’est pas facile, quand on est de droite, de lutter contre les préjugés moraux (et vaguement homophobes) de son propre camp.
Sur cet affaire, la vision d’un élu de gauche et celle d’une élue de droite.

Je souhaite, par avance, plein de bonheur à tous les futurs pacsés colombiens !

N’en faites pas tout un Mister

[Je prie les 7 personnes, ainsi qu’aux 3 égarés de Google, qui constituent mon lectorat de bien vouloir m’excuser de la trop longue période de silence dans lesquelles je les ai laissées, avides qu’elles étaient, bien entendu, de lire ma prose.]

C’est le sujet dont bruisse actuellement le tout-Colombes.

Deux salves sur des différents blogs qui « comptent » : à droite chez Olivier Camps-Vacquer et chez Denis Butaye. Tandis qu’à gauche on observe plutôt un silence gêné, en se bornant à intervenir éventuellement dans les commentaires. Continuer la lecture de « N’en faites pas tout un Mister »