Casser la barraque

Comme à l’occasion du vote interne du PS pour désigner le candidat socialiste en vue des présidentielles de 2007, les socialistes de Colombes ont voté en respectant l’ordre de classement qu’on retrouve au niveau national.

Comme pour ce précédent vote, les rapports de force locaux restent différents. Là où au niveau national, Ségolène Royal met 5 points dans la vue à ses deux concurrents directs Delanoë et Aubry, tout se joue dans un mouchoir de poche à Colombes avec un tiercé où les motions E et D sont séparées de 3 voix avec des scores tournant autour de 30 %.

Notons que la motion C conduite par Benoît Hamon fait un score assez en retrait du score national (9 % contre 19 %), ce que j’attribue aux propos très radicaux que tient l’animateur local de cette motion, plus mélenchoniste qu’hamoniste.

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J’entends la radio ce matin parler de nette victoire de Ségolène Royal mais je n’ai entendu personne noter que son score est diminué de moitié par rapport au vote des primaires présidentielles où elle avait fait 60 % au premier tour. Je suis de mauvaise foi, il y avait 6 motions (disons 4, vu le peu de représentativité des motions B et F) et non 3 candidats, et il ne s’agissait pas d’un vote pour une personne mais un groupement. Nous en reparlerons le 20, pour la désignation du premier secrétaire, quand auront eu lieu les tractations interne et ça va être chaud !

Plus que tout autre leader de motion en effet, Ségolène Royal exacerbe les opinions. On l’adore ou on la déteste. On peut lui concéder qu’en matière de pratique politique, elle se démarque, et son show de la fraternité au Zénith en est l’une des plus visibles manifestations. Reste qu’il n’est pas certain que cette autre manière de faire de la politique soit celle qu’attendent la majorité des militants, et en ce qui me concerne, je lui trouve un penchant démagogique qui me déplaît. Je ne veux pas que l’on batte Sarkozy avec ses propres armes. Sa déclaration impromptue sur le remboursement des arriérés de cotisations pour que les militants en difficulté financière puissent voter est l’illustration parfaite de la prise de position unilatérale sans aucune considération pour le parti et son mode de fonctionnement. Que l’on réfléchisse à la grille de cotisation, que l’on souhaite élargir la base militante (NB : quel parti ne le souhaite pas ?!), soit (la majorité municipale a bien révisé le tarif des prestations familiales dans un esprit de justice sociale !), mais qu’on le fasse dans la concertation, le réalisme et le respect du fonctionnement du parti (après quoi on pourra parler d’exemplarité).

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Pas plus au niveau local qu’au niveau national ou fédéral (i.e. départemental), je ne me sens capable de faire des pronostics sur la façon dont vont se constituer les majorités, mais si au niveau local un accord entre deux des trois motions arrivées en tête suffit à faire une majorité claire de 60 %, compte tenu des scores nationaux une telle arithmétique serait plus difficile à trouver. Ce matin, sur France Inter, Royal disait beaucoup de bien de Benoît Hamon, mais sur la question de l’alliance avec le Modem, c’est entre la motion E et la motion C qu’on mesure le plus grand antagonisme (NB : plus tard dans la journée, Martine Aubry a fermement pris une position contre une alliance avec le MoDem, confirmant ainsi un positionnement stratégique plus à gauche que celui des motions A et E).

Comme je l’expliquais en réponse à un commentaire polémique et manquant sérieusement de rigueur d’un Jeune(s) UMP sur le blog d’Alexis Bachelay, la leçon de ce scrutin n’est certainement pas la révélation d’un déficit idéologique au PS, mais, malheureusement, celle d’un déficit de leadership dont les médias font leur miel depuis trop longtemps hélas.

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Addendum
Tiens ! Au moins une bonne nouvelle aujourd’hui : Mélenchon quitte le PS. J’estime que, depuis un bon moment, ses prises de positions montraient qu’il n’avait plus grand chose à y faire. Il souhaite fonder un nouveau parti à gauche, et je pense qu’entre le PS et le nouveau parti d’Olivier Besancenot qui ne sera jamais un parti de gouvernement, il y a un espace laissé de plus en plus vaquant par un PC incapable de muter.