Une cérémonie laïque

Le samedi, j’apprends la mort de mon père.

Le dimanche, je trouve un avion pour Bastia.

Le lundi, je vois l’employé des pompes funèbres dépêché par notre assurance à la Brasserie de l’hôpital, avec mon frère Pascal.

Nous expliquons que nous voulons organiser la crémation en prenant plus de temps que l’heure allouée par défaut pour ce genre de cérémonie (oui, dans la famille, on est comme ça, on n’aime pas faire comme les autres !). Une heure, c’est trop court, nous demandons deux heures, pendant lesquelles nous voulons être aussi libres que possible pour l’organisation.

Notre interlocuteur hoche la tête, compréhensif.

— En fait, lui dit-on, nous voulons organiser une cérémonie laïque.
— Hum… une cérémonie laïque…
— Voilà !
Il prend notre dossier et se met à écrire et nous demande :
— Comment ça s’écrit, laïque ?

Mon père Yves avec ma fille Esther

Plus tard, notre croque-mort qui nous aura offert par inadvertance un des sourires de la journée (si précieux en ces circonstances) nous expliquera qu’en Corse (où il n’y a pas de crématorium), il n’y a que des cérémonies religieuses qui durent des heures où tout le monde s’habille en noir…

Mal au nombril

Quand j’ai ouvert il y a plus de deux ans ce blog, j’avais annoncé qu’il serait fait de bric et de broc, à l’instar du site « racine » né dix ans plus tôt et lui-même joyeusement bordélique. Je n’avais pas menti. J’ignorais qu’il serait autant délaissé mais on ne maîtrise pas toujours le temps dont on dispose et entre ma vie professionnelle, ma vie familiale, ma vie militante, etc., je suis appelé à effectuer des choix cruels.

C’est pourquoi j’ai toujours trouvé amusant de me voir catégorisé dans les « blogs politiques colombiens » même s’il est effectivement souvent (enfin, proportionnellement, plutôt) question de politique ici. La plupart du temps, quand j’interviens ici pour commenter la vie politique, nationale ou municipale, c’est pour exprimer un sentiment individuel qui me tient à cœur. Et puis je m’amuse ensuite à publier une photo de ma fille ou une terrrrrrible vidéo réalisée par mes enfants et leurs amis. (Réjouissez-vous, le cru 2010, c’est pour bientôt.)

Je voulais faire un billet ici, juste après les festivités du 14 juillet à Colombes, pour dire ce que j’en avais pensé : la formule, copiée quasi à l’identique sur celle de l’année précédente, mais, ma foi, plutôt convaincante (ne pas céder à la facilité, toutefois), le feu d’artifice, très réussi, et puis aussi la simplicité avec laquelle les élus s’étaient mêlés à la population, avec ce qui m’a semblé une évidente proximité. Le maire et son équipe était à table comme d’autres citoyens, accessibles, simplement là et faisant la fête avec les autres. J’ai vu ensuite Philippe Sarre danser le rock’n roll avec Élisabeth Choquet (de mémoire : j’avais pris quelques clichés de paparazzi improvisé, mais impossible de remettre la main dessus). Oh ! Il n’est pas impossible qu’il y ait dans cette prestation un zeste de « com’ », mais bien malin qui peut faire la part des choses entre l’élu en représentation et l’homme se trémoussant aux rythmes irrésistibles de l’orchestre ! Côté communication ou communion, à droite en revanche, je n’ai aperçu qu’Olivier Camp-Vaquer sur place. Les autres ne devaient pas ce sentir concernés par cette célébration nationale et locale à la fois (je suis près à faire amende honorable et ajouter les erratums qui vont bien si j’ai – sans malice aucune – passé sous silence la présence d’autres élus ou « notables » de l’opposition).

* * *

Depuis samedi, Philippe et moi avons un nouveau point commun. Lui et moi avons donc (et sans doute avec nous quelques dizaines ou centaines de Colombiens, certainement) perdu notre père cette année.

Dans des circonstances assez extraordinaires (au sens littéral, ce qui les rend d’autant plus tragiques), mon père Yves a en effet été victime d’un accident sur la voie publique en Corse où il entamait avec ma mère ses vacances. Un fait divers dans la PQR. Un fait nettement moins divers dans la vie d’une famille (et même, par extension, pour quelques autres impliquées de près ou de loin dans l’accident).

Je trouve assez singulier le fait qu’il soit question dans le tout premier article de ce blog de l’héritage paternel ! N’en déduisons pas hâtivement que la boucle est bouclée et que mon blog s’achèvera sur ce message…

J’étais ce dimanche sur les lieux du drame (oui, cette phrase fait un peu cliché je vous le concède) et je me suis un instant recueilli sur place. Les voitures étaient rares, le village éloigné de quelques centaines de mètres, le soleil corse cognait dru, les cigales s’en donnaient à cœur joie pour constituer la seule bande son de cet environnement paisible, l’air était chargé de toutes les odeurs de la Méditerranée.
Je veux croire qu’hormis la seconde (deux tout au plus) de frayeur durant laquelle tout s’est joué, c’est de ce splendide panorama qu’aura joui mon père aux dernières heures de sa vie, et je me suis dit que, oui, c’était tout de même un bel endroit pour mourir.

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Illustration : Callevale, 1er août 2010, 16h41

Blanche Colombes

En rentrant hier soir d’une virée parisienne (vu et apprécié un très beau spectacle de Silvia Malagugini à La Bellevilloise : Malagun), il tombait quelques petits flocons, juste de quoi donner au sol une allure métallique.

Ce matin, les premiers flocons avaient appelés de nombreux renforts et Colombes s’est réveillée sous une belle couverture d’hiver.

Mon petit chaperon rouge (notre illustration) était toute guillerette en allant à l’école et j’avais du mal à la suivre. Les autres enfants aussi poussaient des cris d’excitation. Et tout adulte que je suis, je dois dire que je partageais leur allégresse devant un si beau spectacle.

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Chauffe, Marcel !

Des orages étaient annoncés pour ce samedi, mais c’est sous un ciel bienveillant et avec des températures estivales que s’est déroulée la kermesse de fin d’année à l’école Marcel Pagnol où étaient scolarisées pour la dernière année ensemble mes deux filles (Esther restera à Marcel Pagnol l’année prochaine, mais Victoria fait son entrée – tadaaaa – au collège !).

De crainte d’un arrosage céleste, le dispositif « habituel » (on prend très vite des habitudes !) était inversé : la scène était sous le chapiteau protecteur tandis que le fumeux stand saucisse-merguez était relégué au coin opposé de la cour. Eh bien c’était très pratique ainsi et pluie ou pas pluie, je pense qu’il mériterait d’être reconduit les années suivantes. Les enfants étaient tous réunis, par classe, autour de cette scène dans un « périmètre de sécurité » et les enchaînements d’un spectacle à l’autre étaient fluides. Les différents numéros étaient variés, originaux et ce spectacle m’a semblé plus rythmé que les années précédentes. Un grand bravo aux organisateurs et aux participants pour leurs efforts ! Continuer la lecture de « Chauffe, Marcel ! »

Speed shoes (1)

Hum.

J’imagine quelques déceptions à la lecture de cette note. Eh non ! je ne vous livrerai point une fine analyse des Cantonales 2009 qui se profilent sur Colombes. Probablement pour le plus grand plaisir d’un dénommé deloume qui s’exprimait avec nuance dans ces colonnes.

Je sais que je vais également réjouir les nombreux admirateurs de ma fille Victoria qui fait donc ici une nouvelle apparition dans le cadre d’une production artistique et néanmoins expérimentale réalisée avec quelques amis.

Je vous présente en exclusivité bloguesque : Speed Shoes.

Toute première fois !

L\'invitation pour la célébration de notre PACS à la mairie de Colombes

Eh voilà ! Après 15 ans de vie dans le péché… on continue à vivre dans le péché !

C’est avec une certaine fierté que Marie et moi seront, dans quelques minutes, les premiers pacsés en mairie à Colombes devant Philippe Sarre ; il faut dire que la procédure administrative au Tribunal d’Instance est aussi joyeuse qu’une déclaration de vol au commissariat et qu’il est bon de mettre un peu de rituel dans nos vies. Avec toute la modestie qui me caractérise, j’avoue que c’est moi qui ai suggéré à l’équipe municipale de procéder à ce genre de célébration, à la fois de manière intéressée (charité bien ordonnée commence par soi-même), mais également parce que le PACS est une des belles création d’un gouvernement de gauche et il y a un petit côté militant laïque à transformer l’hôtel de ville en autel civil.

En cherchant sur le web quelques informations sur les formalités qui pourraient être nécessaires pour cette cérémonie en mairie, je suis tombé sur une polémique intéressante qui a animé le conseil municipal du quinzième arrondissement parisien (tenu par la droite) pour savoir si, oui ou non, il fallait célébrer des pacs en mairie, quand les arrondissements tenus par la gauche avaient déjà mis en place cette pratique. Où l’on voit qu’il n’est pas facile, quand on est de droite, de lutter contre les préjugés moraux (et vaguement homophobes) de son propre camp.
Sur cet affaire, la vision d’un élu de gauche et celle d’une élue de droite.

Je souhaite, par avance, plein de bonheur à tous les futurs pacsés colombiens !

Neuf Deux : l’esprit Rock (en Seine)

Pas de Rock-en-Seine au programme pour moi cette année, l’édition 2008 s’est achevée hier sans ma participation, alors que j’avais été fidèle aux trois dernières éditions. Plusieurs raisons pour ma défection : d’abord, à l’affiche, pas de groupe pour lequel je me sois dit « il faut absolument que je les vois ». Amy Winehouse (la bien nommée), qui avait fait faux-bond l’année dernière, et qui revenait cette année en tête d’affiche « à risque » a été fidèle à sa réputation : elle a fait l’alcool buissonnière. J’aime beaucoup son style et l’énergie de ses chansons, mais ni R.E.M. ni elle ne m’ont poussé à faire le déplacement. L’an dernier pourtant, ça n’était pas les têtes d’affiches (Björk, Tool et Arcade Fire) qui m’avait poussé à faire le déplacement, mais plein d’autres groupes qui m’avaient régalés. Certains que je connaissais, d’autres que j’ai découvert, d’autres encore sur lesquels j’avais posé un nom (Ahhh c’est eux qui chantent ça…) . L’édition 2007, sur trois jours consécutifs, avait été un grand bonheur. Continuer la lecture de « Neuf Deux : l’esprit Rock (en Seine) »

Télégramme transatlantique

J’apprends, par l’intermédiaire du site de l’école Marcel Pagnol, que ma fille veut connaître l’adresse de mon blog tout neuf.

Sûrement pour frimer devant ses copines.

Alors, spécialement pour elle, cette petite image d’une nouvelle star du net.

Victoria - Papa m\'a mise sur son blog !

— Ma fille, tu ferais mieux de profiter de l’Île de Groix plutôt que de surfer sur le net !

L’Île aux enfants

Île de Groix - Port-LayUn seul être vous manque et tout est dépeuplé ?

Victoria vient de partir ce matin avec les élèves de sa classe de CM1 pour une classe de mer de deux semaines (wahou ! la clâââsse ! de mon temps, une semaine c’était le grand max) sur l’Île de Groix, où la ville de Colombes possède une propriété.

Quinze jours pour pêcher les crevettes et observer les marées, en pincer pour les crabes sans trop négliger les conjugaisons, les fractions, l’histoire et tutti quanti.

Quinze jours de tranquillité à la maison ? Hum… Pas sûr, car la petite sœur Esther est restée et ne compte pas se faire oublier. Et puis trouvera-t-on vraiment la tranquillité d’esprit ? Comme 25 autres mamans fébriles, Marie a composé les 10 chiffres du numéro surtaxé, puis environ 7 autres codes intermédiaires pour enfin entendre un message disant (dans les grandes lignes) « Tout va bien ! on a même eu une heure d’avance. Extinction des feux à 21 heures ». Nous voilà bien avancés. Nous ne saurons donc pas si Victoria a vomi pendant tout le voyage ni si sa copine est passée sous les roues du car pendant un arrêt-pipi, ni s’il y avait un cancrelat sous les draps ou si la soupe n’était pas bonne.

Mes derniers mots pour ma fille :

— Amuse-toi bien !
— Travaille bien !
— Profite bien !

Pfff, ces parents, à part des injonctions, y savent rien dire.

[Illustration : Édouard Lomont – cliquez sur l’image pour la voir en entier]