Mon cher Arnaud !

Voici la réponse adressée, ce jeudi, par Martine Aubry à Arnaud Montebourg. On y voit que, sur les points soulevés par Arnaud Montebourg, Martine Aubry répond en n’infléchissant pas d’un iota ses propositions initiales, mais se « contente » de mettre en lumière comment elle les adresse, de façon pragmatique, volontaire et équilibrée.

Je note au passage qu’Arnaud Montebourg qui prend une posture de grand rénovateur du PS, gonflé par ses 17 %, pourrait balayer devant sa porte, cf. les propos de Ségolène Royal que je reprends opportunément à mon compte : Continuer la lecture de « Mon cher Arnaud ! »

C’est reparti pour un tour

Y a pas de raison pour que je n’ai pas, moi non plus, l’outrecuidance de présenter sur mon (formidable) blog les enseignements du scrutin.
Je parle bien entendu du premier tour de la primaire socialiste (pardon, les primaires citoyennes).

C’est parti !

Qui a voté ?

Environ 5 % du corps électoral, c’est à la fois beaucoup et peu. Beaucoup dans la mesure où, pour cette grande première, la mobilisation des électeurs n’était pas évidente. Jusqu’à la semaine dernière, j’ai encore croisé des personnes qui pensaient que cette primaire était réservée aux adhérents du P.S.
En outre, à l’exception du PRG qui a accepté de jouer le jeu de l’ouverture aux partis de gauche proposée par le P.S., les autres principaux partis de gauche (EELV, Parti de Gauche, Parti Communiste) ayant préféré régler leurs questions d’investiture chacun dans leur coin ((À ce propos, j’ai moi-même appris la semaine dernière que la primaire écolo était ouverte à tous, moyennant 10 euros. Si j’avais su, j’aurais ptête cassé le cochonnet pour voter contre Hulot. Saviez-vous qu’il y avait 6 candidats pour cette primaire également ? Eh non, ça n’était pas un duel Hulot-Joly.)), on peut donc penser que le gros des votants, ce dimanche était constitué des militants et sympatisants socialistes. Continuer la lecture de « C’est reparti pour un tour »

Quinté +

Je ne pensais pas que j’allais le regarder, ce débat, parce que je n’attends pas grand chose de la télévision et ne lui accorde guère de crédit pour aider chacun à construire une pensée politique.

Mais bon, ma femme était sortie faire la nouba avec une copine alors je me suis mis devant France 2 pour le premier débat des Primaires.

Quelques impressions en vrac. Continuer la lecture de « Quinté + »

Participe hâtif

Puisque le fait que je sois webmestre du site PS de Colombes est un secret de polichinelle (et, par là-même socialiste — ouh la ! mon Dieu, que révèlé-je là ?!), il me semble qu’à ce double titre, j’ai une certaine légitimité à émettre quelques réflexions avisées sur l’affaire qui secoue depuis quelques jours le Landernau socialiste et/ou internautique, à savoir le nouveau site web de Désirs d’Avenir à 41 k€ (ouais, je parle en k€ ((Toi aussi, parle comme un trader ! 1 k€ = 1 kilo euro = 1000 €. Demain, nous parlerons des M€.)) parce que je suis dans l’bizness).

En préalable, je signale que je tiens le rôle de webmaster comme bénévole (c’est à dire que je ne touche pas un centime pour ce travail) et amateur (parce que, même si je suis informaticien de profession, je ne suis pas spécialiste du web, juste un amateur éclairé).

  • Ceux qui raillent la très médiocre qualité du site en question, le jugent digne des années 90 finissantes, ont raison. Pourtant basé sur un moteur web moderne (on parle de CMS, et en l’occurrence de Joomla), il utilise un encodage (ISO-8859-1) qui tend à disparaître au profit du plus universel UTF-8, le code est truffé d’erreurs de syntaxe (on dit qu’il n’est pas valide et il existe des tas d’outils gratuit pour le vérifier). Sur la page d’accueil, on pourra constater que les menus ne sont pas tous centrés, qu’ils sont dans des polices de taille différente (ce qui produit un effet visuel déplorable), et puis en creusant, on constate que des liens ne fonctionnent pas, etc. Je vous laisse cliquer sur le web pour trouver mille articles plus détaillés que le mien.
  • On est évidemment en droit d’être choqué par le contraste entre la qualité très médiocre du site et le prix annoncé pour sa réalisation, plus de 40 000 euros, quand les tarifs habituels pour un site de complexité moyenne sont environ 4 à 8 fois moins élevés (si vous êtes sympa, vous trouverez même des webdesigners qui vous feront un truc pas si mal pour 1000 ou 2000 euros).
  • À moins d’être très naïf, on ne sera pas trop surpris d’apprendre que c’est un copain de Ségolène Royal qui a empoché le juteux marché (encore que j’ai lu – mais pas vérifié – que Pierre Bergé, riche mécène de Désirs d’Avenir, a annoncé qu’il refusait de payer la facture). Si j’étais webmestre dans l’écurie Royal, je crois que je serais très en colère et dépité que, sur ce sujet-là, on n’ait pas été plus « participatif ».
  • Ce que je trouve assez lamentable, en tout cas, c’est que Ségolène se plaigne d’un lynchage médiatique. Faut dire que quand on se retrouve prise en flagrant délit de copinage doublé d’incompétence, jouer les victimes peut faire figure de ligne de défense. Mais les hommes politiques (de tout bord) ne sont pas très doués pour les mea culpa.
  • Pour finir, je conseille à tous les webmestres débutants (parce que je suppose que les pro n’ont pas besoin de mes conseils) de Colombes ou d’ailleurs de se munir des outils suivants :
    1. le navigateur Firefox
    2. son extension Firebug (qui permet la mise au point des feuilles de style de manière remarquable)
    3. son autre extension HTML Validator (qui permet de vérifier instantanément le respect des normes syntaxiques du code)
    4. et également un outil permettant de tester « en local » le site qu’on développe, avant de le publier en ligne (par exemple WAMP, MAMP, etc.)

Hop ! Au boulot !

Chemin des dames, chemin de croix

18 voix d’écart. Soit 0,013 % des suffrages exprimés.

C’est, à l’heure où je vous parle, ce qui sépare les deux candidates en lice pour le poste de Première Secrétaire du PS. Pour ceux que ça intéresse, j’ai récupéré le tableau PDF diffusé sur le site du Parti Socialiste et je l’ai transformé au format Excel, en repositionnant les formules et en corrigeant le résultat de la fédération de la Moselle qui a annoncé une erreur de 12 voix comptabilisées à tort en faveur de Martine Aubry, ce qui réduit donc encore un peu plus l’écart de 42 voix, déjà ridicule, annoncé ce matin.

Télécharger le fichier « election-ps-premiere-secretaire-2008.xls »

Le camp de Ségolène Royal crie au scandale, au trucage, réclame des nouvelles élections.
Pour eux, c’est effectivement la douche froide, tant ils étaient convaincus de la dynamique de victoire. Je discutais, au moment du vote, avec un camarade de ma section, je lui disais que ça serait sans doute serré (je ne m’attendais pas à un score si incertain). J’espérais la victoire de Martine Aubry mais n’avais aucune certitude. Lui était certain que Ségolène Royal arriverait largement en tête. Il est vrai qu’à chaque fois, le report des voix ne se faisait pas en suivant l’arithmétique des résultats. Le soutien raté de Bertrand Delanoë, au lendemain du congrès et non le jour-même, en son nom et pas au nom de sa motion, tout ça n’aura pas convaincu une large partie des électeurs de la motion A. J’attribue le report important des voix de la motion A vers la Ségolène Royal à ces trois facteurs :

  • Martine Aubry n’incarne pas le renouvellement aux yeux du plus grand nombre (et compte tenu du nombre d’éléphants PS qui la soutienne, c’est compréhensible – même si, j’en suis convaincu, elle l’incarnera, de gré ou de force !)
  • Martine Aubry s’est positionné sur une ligne politique plus « à gauche » que celle de la motion E. Ceci au moins pour pouvoir se rallier Benoît Hamon à qui, de toute façon, tout le monde fait de l’œil au PS !
  • Dans la motion de Martine Aubry, depuis sa contribution, il y a Laurent Fabius (très discret pendant toute cette campagne, d’ailleurs !), que beaucoup de militants ne peuvent pas blairer depuis sa prise de position sur le référendum européen qui a déchiré le parti. Personnellement, j’ai toujours pensé que cette position de Fabius était une position tactique et je lui en veux pour ça. Pour autant, je l’admire aussi pour son intelligence et ses talents réthoriques. Je me souviens de cette belle phrase qu’il avait sorti pendant la campagne de la présidentielle 2007 : « Le service public, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. » Classe, Laurent, classe !
    (Notons que ce troisième point est connexe du second.)

Je me doutais aussi que le report des voix de Benoît Hamon vers Aubry serait loin d’être mathématique. Deux raisons, au moins :

  • Toujours ce déficit d’image d’Aubry en matière de renouvellement.
  • Martine Aubry n’est sans doute pas jugée assez à gauche par la frange mélenchoniste (je dis ça pour simplifier) du parti qui ne sera pas allé voter au second tour.

J’ai entendu Manuel Valls, sur une vidéo postée par mon camarade Alexis Bachelay, parler d’obstruction contre cette pauvre Ségolène Royal. C’est quand même assez fandard d’entendre ça, quand on voit le matraquage pro-Ségolène auquel on a droit un peu partout notamment dans les médias (elle était encore ce soir au 20 heures sur TF1). J’ai fait l’exercice de regarder les couvertures du journal Libération (un journal de gauche, en principe, donc probablement beaucoup lu par les socialistes). Ségolène Royal figure trois fois en pleine page et quatre fois en vignette. Martine Aubry, euh… attendez je la cherche, euh… ah ben non. Zéro fois.

Il paraît que Ségolène Royal est l’ennemie préféré de Nicolas Sarkozy (et dois-je préciser que contre ce candidat qui incarnait déjà bien avant sa candidature une droite dure – il me semble que jamais on avait eu un candidat susciter autant de répulsion – elle n’a fait que 46 %), et la mainmise de Sarkozy sur les médias a été souvent dénoncée.
Bon, je n’insisterai pas sur ce point, je ne voudrais pas tenir des propos trop politiciens.

Mais pour moi, l’obstruction ne se ressent pas dans le camp qui la dénonce.
Quand j’entends le camp Royal qui réclame de nouvelles élections, je pense qu’il espère surtout pouvoir profiter de ce délai supplémentaire pour faire encore un peu plus de tapage, un peu plus de propagande, un peu plus de promesses démagogues « on va rembourser les pauvres adhérents en retard sur leurs cotisations pour qu’ils puissent voter (sous-entendu : pour moi) », « on va déménager le PS de Solférino vers un quartier plus populaire » (mon QG à Raspail financé par Hermé, je le garde ?) et j’en passe ad nauseum.

Quand j’entends le camp Royal qui crie à la triche, je me demande : est-ce vraiment ce qu’on veut ? Mettre au grand jour toutes les petites magouilles du PS ? Expliquer au grand public comment un camp noyaute et verrouille une fédération ? Est-ce bien comme ça qu’on aide à reconstruire l’image du parti déjà salement écornée ?!
Dans les 16 fédérations (cf. tableau Excel) où une des deux finalistes fait plus de 70 % (j’ai fixé arbitrairement ce seuil comme étant celui au delà duquel la liberté de conscience ne me semblait pas très démocratiquement exprimée), 9 favorisent Royal contre 7 pour Aubry. (NB : Les 3 fédérations suivantes sont aussi royalistes.) 15106 voix pour Royal et 13325 pour Aubry.

Allez ! Organisons un nouveau vote et magouillons tous encore un bon coup pour être bien sûr, cette fois, d’élire le meilleur tricheur du parti le plus ridicule de France !

* * *

Un truc qu’il faudrait qu’on explique au bleu-bite que je suis, c’est avec quelle majorité la Première Secrétaire qui finira par être désignée officiellement (mardi, en principe) élue, attendu que le « parlement du PS » a déjà été élu le 6 novembre dernier en proportion du vote des motions (si l’on s’en tient aux « soutiens » exprimés des leaders des motions A, B, C et F, Martine Aubry qui aurait 25(A)+19(C)+24(D)+1(F) = 70 % des membres derrière elle, contre 1(B)+29(E)=30 % pour Ségolène Royal). Autrement dit, si Aubry est confirmée en tête (selon les résultats de l’élection qu’on considèrera comme démocratique au même titre que les précédentes, par pitié !), ça colle. Mais si c’est Ségolène Royal ???

Jouons aux Dames (et pas aux échecs !)

jeu de dames
jeu de dames

Duel féminin ce soir pour la tête du Parti Socialiste.

Hier soir, couché après minuit mais sans les résultats autres que locaux, je me retournais dans mon lit. Je vois le radio-réveil indiquer 00:59 et j’allume la radio. Au journal de 01:00, la journaliste de France Inter annonce que Ségolène Royal se dirige vers la victoire avec 45 % des voix…

Ma première réaction, c’est de me dire que, décidément, les médias donnent vraiment une information partielle, partiale, déformée, simplifiée, enfin bref… Je râle, quoi. Ce matin, au journal de 08:00 (le plus écouté de France, comme l’annonçait avec fierté l’équipe – et en tant qu’auditeur, j’avoue que j’apprécie la tranche 7-10 de la station), l’annonce est plus nuancée. Si l’on prend sa calculette et si l’on additionne les voix de Martine Aubry à celles de Benoît Hamon, ce devrait être Martine Aubry qui sera élue ce soir.

Évidemment, c’est moins simple que ça, la dynamique des reports n’étant jamais parfaitement prédictible (l’exemple en est donné avec les voix de la motion A qui ne se sont pas portées sur Martine Aubry sans quoi elle serait arrivée en tête et peut-être même avec une majorité absolue), l’issue du scrutin de ce soir n’est sûrement pas pliée.

J’ai essayé de trouver le score de Ségolène Royal dans les Bouches du Rhône : mais aucune information ne se trouve sur le site du PS. C’est par voix de presse qu’on en trouve. Apparemment, 69 % sur ce scrutin contre 73 % au vote du 6 novembre. J’avoue que les mécaniques d’appareil qui permettent d’avoir ce genre de score m’échappent un peu, et comme le faisait remarquer Philippe Sarre lors d’une récente réunion, à Colombes, le pluralisme s’exprime en toute liberté, et je suis fier et heureux de cet esprit d’équipe local qu’on voudrait retrouver aux niveaux fédéral et national. Ne soyons toutefois pas naïf, dès lors qu’il y a des enjeux de pouvoir – eh oui ! la politique, c’est ça ! – des rivalités surgissent, des ambitions s’affrontent, des tensions s’exacerbent. Ensuite, à chacun en son âme et conscience de choisir comment mener ces combats. À Colombes, au PS, chacun est loyal (on ne peut pas en dire autant de l’UMP). Je ne crois pas qu’au PS, nous soyons irréprochables plus qu’ailleurs, néanmoins, un certain nombre de règles (dont l’interdiction du vote par procuration) limite les errements.

J’en profite pour dire que le PS est souvent moqué dans les médias ou par ses opposants à l’occasion de ces élections (on avait eu droit au même son de cloche à l’époque de la désignation de notre candidat pour les élections présidentielles de 2007). N’empêche que ce que prouve ce coup de projecteur sur nos fonctionnements mais qui n’est pas assez dit, c’est la vraie démocratie interne qui règne au Parti Socialiste. L’UMP, sur ce sujet, pourrait en prendre de la graine.

J’espère que le choix des militants, ce soir, sera celui qui favorisera, selon moi, bien plus sûrement l’unité du PS. Nous avons devant nous la proche bataille des Européennes, et pour 2012 l’enjeu fort de mettre un terme à cette politique de casse des services publics (justice, prud’hommes, école, …) et d’injustice (sociale, fiscale, …). Les dégâts déjà causés seront, hélas, des dégâts assez durables.

La gauche, la droite, le PS, le MoDem

On entend beaucoup de choses en ce moment, à l’occasion du très prochain congrès du Parti Socialiste [NB : l’essentiel de cet article a été rédigé avant le congrès, même si la touche finale a été apportée ce dimanche], concernant la stratégie d’alliance (l’alliance avec le MoDem serait portée par la motion de Royal et bannie par les autres).

Discours simplificateur à l’extrême. Discours brouillé par tous, avec des arguments avancés (par exemple, Vincent Peillon, soutien de la motion de Ségolène Royal, indique que l’alliance avec le MoDem n’est pas à l’ordre du jour puisque le MoDem n’a pas encore choisi entre la gauche et la droite – comme s’il allait le faire bientôt !) qui ne correspondent pas toujours à la réalité des positions.

Il y a une vérité, c’est que ce sujet divise profondément les militants et que ce sera (si le PS survit au congrès ;-) l’occasion de nouveaux affrontements internes fratricides comme le débat sur le référendum européen l’avait déjà été. J’ai entendu à Colombes des camarades s’exprimer en se disant plus proches du MoDem que du PC. D’autres prendre le contrepied, voyant dans cette dérive droitière la perte de notre identité socialiste (sous-entendu au profit d’une identité sociale-démocrate). Ceci pour l’échelon local. Mais au niveau national, on a entendu, notamment l’année dernière à l’occasion des Présidentielles, plusieurs ténors (Royal, Cohn-Bendit, Rocard et j’en passe…) envisageant, voire appelant de leur vœu, une alliance PS-MoDem.

Ce sujet de division, comme les autres, ne doit pas être tabou. Il provoquera sans doute des départs du PS, pour ceux qui estiment que le parti ne va pas dans le bon sens (le PS colombien a d’ailleurs vécu le départ de certains vers une gauche plus radicale et d’autres vers le MoDem, comme quoi il est difficile de contenter tout le monde !!!), au fur et à mesure de l’évolution de la « ligne du parti » sur ce point.

Et puis il y a les pratiques, empreintes de pragmatisme ! À Colombes, une « union de la gauche » façon « majorité plurielle » (PS + Verts + PC) a été la stratégie assumée dès le premier tour et s’est avérée gagnante. À Asnières, une union PS + MoDem au deuxième tour a permis un rassemblement démocrate pour barrer la route à une droite indigne. La motion D portée par Martine Aubry clame haut et fort « À gauche ! », mais à Lille, la même Martine Aubry travaille en bonne intelligence avec le MoDem.
Je pourrais multiplier les exemples mais le constat est là : pour des raisons de stratégie, peu chahutées par les médias avides de simplification, le sujet paraît central dans les tractations actuelles en vue du congrès alors qu’il ne l’est pas. Parce que s’il l’était, on aurait depuis longtemps une alliance Delanoë-Aubry-Royal (qui ne considèrent pas le MoDem comme un ennemi définitif) contre Hamon (MoDemKraft, Nein Danke !).

[Suite au congrès…]

La synthèse n’a pas eu lieu à Reims, car s’il y avait, je pense, matière à réunir une majorité sur l’orientation politique du PS, avec les 80 % des motions A, D et E, il n’y a pas eu de facto possibilité de constituer une autre majorité. La motion Royal a été incapable de réunir le moindre consensus autour d’elle (hormis les 1,5 % anecdotique de la motion B), et le « front anti-Ségolène » n’a pas su se constituer, probablement (mais je n’observais ça que d’un œil lointain) à cause d’egos trop gonflés incapables de s’effacer devant l’intérêt (supposé) collectif. D’après moi, Delanoë porte, à cet égard, une lourde responsabilité dans la stérilité de ce congrès. Aubry, quant à elle, peut assez dignement poursuivre sa campagne en continuant de relayer le point central de sa motion : le rassemblement. Et quel que soit le résultat à l’issue des scrutins des 20 et 21 novembre (car je doute qu’une majorité absolue surgisse dès le premier tour), le PS aura du boulot pour retrouver sa cohésion, et, plus important encore, sa crédibilité et son audibilité auprès des Français, car le fonctionnement interne du parti, c’est peut-être passionnant, ou affligeant, selon le point de vue, mais ça ne concerne que le petit cercle des militants.

Parlons encore un peu du MoDem. Je ne sais pas trop sur quoi table François Bayrou. Est-il tellement optimiste qu’il parie sur un effondrement du PS dont tous les déçus qui ne se sentent pas tentés par l’ultragauche (pour reprendre l’expression à la mode du moment !) le rejoindrait ??? En tout cas, comme ceux de l’UMP (c’est de bonne guerre), il moque la stérilité actuelle du PS qui n’aura donc toujours pas tranché la question de l’alliance avec le MoDem, mais lui, de son côté, s’est-il prononcé sur ce qu’il souhaiterait ? Pense-t-il obtenir des majorités sans alliance ?!

Casser la barraque

Comme à l’occasion du vote interne du PS pour désigner le candidat socialiste en vue des présidentielles de 2007, les socialistes de Colombes ont voté en respectant l’ordre de classement qu’on retrouve au niveau national.

Comme pour ce précédent vote, les rapports de force locaux restent différents. Là où au niveau national, Ségolène Royal met 5 points dans la vue à ses deux concurrents directs Delanoë et Aubry, tout se joue dans un mouchoir de poche à Colombes avec un tiercé où les motions E et D sont séparées de 3 voix avec des scores tournant autour de 30 %.

Notons que la motion C conduite par Benoît Hamon fait un score assez en retrait du score national (9 % contre 19 %), ce que j’attribue aux propos très radicaux que tient l’animateur local de cette motion, plus mélenchoniste qu’hamoniste.

* * *

J’entends la radio ce matin parler de nette victoire de Ségolène Royal mais je n’ai entendu personne noter que son score est diminué de moitié par rapport au vote des primaires présidentielles où elle avait fait 60 % au premier tour. Je suis de mauvaise foi, il y avait 6 motions (disons 4, vu le peu de représentativité des motions B et F) et non 3 candidats, et il ne s’agissait pas d’un vote pour une personne mais un groupement. Nous en reparlerons le 20, pour la désignation du premier secrétaire, quand auront eu lieu les tractations interne et ça va être chaud !

Plus que tout autre leader de motion en effet, Ségolène Royal exacerbe les opinions. On l’adore ou on la déteste. On peut lui concéder qu’en matière de pratique politique, elle se démarque, et son show de la fraternité au Zénith en est l’une des plus visibles manifestations. Reste qu’il n’est pas certain que cette autre manière de faire de la politique soit celle qu’attendent la majorité des militants, et en ce qui me concerne, je lui trouve un penchant démagogique qui me déplaît. Je ne veux pas que l’on batte Sarkozy avec ses propres armes. Sa déclaration impromptue sur le remboursement des arriérés de cotisations pour que les militants en difficulté financière puissent voter est l’illustration parfaite de la prise de position unilatérale sans aucune considération pour le parti et son mode de fonctionnement. Que l’on réfléchisse à la grille de cotisation, que l’on souhaite élargir la base militante (NB : quel parti ne le souhaite pas ?!), soit (la majorité municipale a bien révisé le tarif des prestations familiales dans un esprit de justice sociale !), mais qu’on le fasse dans la concertation, le réalisme et le respect du fonctionnement du parti (après quoi on pourra parler d’exemplarité).

* * *

Pas plus au niveau local qu’au niveau national ou fédéral (i.e. départemental), je ne me sens capable de faire des pronostics sur la façon dont vont se constituer les majorités, mais si au niveau local un accord entre deux des trois motions arrivées en tête suffit à faire une majorité claire de 60 %, compte tenu des scores nationaux une telle arithmétique serait plus difficile à trouver. Ce matin, sur France Inter, Royal disait beaucoup de bien de Benoît Hamon, mais sur la question de l’alliance avec le Modem, c’est entre la motion E et la motion C qu’on mesure le plus grand antagonisme (NB : plus tard dans la journée, Martine Aubry a fermement pris une position contre une alliance avec le MoDem, confirmant ainsi un positionnement stratégique plus à gauche que celui des motions A et E).

Comme je l’expliquais en réponse à un commentaire polémique et manquant sérieusement de rigueur d’un Jeune(s) UMP sur le blog d’Alexis Bachelay, la leçon de ce scrutin n’est certainement pas la révélation d’un déficit idéologique au PS, mais, malheureusement, celle d’un déficit de leadership dont les médias font leur miel depuis trop longtemps hélas.

* * *

Addendum
Tiens ! Au moins une bonne nouvelle aujourd’hui : Mélenchon quitte le PS. J’estime que, depuis un bon moment, ses prises de positions montraient qu’il n’avait plus grand chose à y faire. Il souhaite fonder un nouveau parti à gauche, et je pense qu’entre le PS et le nouveau parti d’Olivier Besancenot qui ne sera jamais un parti de gouvernement, il y a un espace laissé de plus en plus vaquant par un PC incapable de muter.

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